Eddie and the Hot Rods
interview dans Best - 1978
Passé le déferlement punk, Eddie & The Hot Rods sont toujours là, enthousiastes comme au premier jour, brûlant les planches et consumant la cire.
Bill Schmock est allé leur dire qu 'il ne les avait pas oubliés.
Drôles de gens que ceux d'Eddie & The Hot Rods, des mecs qui marchent à l'instinct, comme ça, sans trop se soucier des conséquences. Et bien sûr ils ne font pas toujours ce qu'il y a de plus bénéfique pour le groupe et forcément leur succès s'en ressent. Parce que tout de même, Eddie & The Hot Rods est le nouveau groupe anglais dont on a parlé en premier, le plus et en mieux, faut pas
oublier.
Les gars étaient là au début du boom new-wave en 1976 avec leur rock qui retrouvait l'urgence et la spontanéité des débuts, avec leurs singles qui pétaient le feu et faisaient les premiers pieds de nez au business. Savaient rigoler et faire danser et filer une énergie sans manières, mais les garçons ne voulaient pas jouer le jeu de la contestation, pas plus que celui du scandale. C'est ainsi qu'ils se sont fâchés à mort avec les Pistols à l'époque où ils passaient ensemble au Marquée.
Les Rods préféraient jouer et prendre du bon temps, en donner par la même occasion ; les Rods sont des petites zones qui lorsqu'ils sont sur scène ne pensent qu'à une chose, s'éclater, et du coup ils se sont faits dépasser, noyer, oublier par un phénomène dont ils étaient au centre sinon à la base.
Les Rods n'avaient pas de grandes gueules, la seule chose qu'ils savaient faire c'était du rock et du bon et du vrai. Ils savent toujours.
Et puis aussi, ils ont enregistré deux foutus 33 tours. Avec des morceaux qui sonnent comme des manifestes adolescents, impossibles à oublier. Seulement, entre l'enregistrement de « Teenage Dépression » (qui a reçu l'éloge de la critique) et celui de « Life On The Line » (idem) il s'est écoulé trop de temps; tout au moins assez pour se faire oublier, assez pour se faire doubler par
tous les autres qui n'en avaient pas à perdre.
Et comme ils marchent au fun ils ont fait d'autres erreurs, celle de changer trois fois de nom en l'espace de six mois juste pour l'esthétique de leurs pochettes,celle d'enregistrer avec d'autres musiciens, Rob Tyner du MC5, Johnny thunders, celle de passer au Pavillon de Paris aussi.
Alors, pour en savoir un peu plus sur leur situation présente, les concerts (sold-out) qu'ils donnaient au Lyceum de Londres étaient l'occasion rêvée.
La première chose qui frappe c'est à quel point leurs morceaux sont forts, des tubes en puissance qui viennent à chaque fois vous péter dans la gueule sans que vous puissiez vous empêcher de sauter au plafond. Parce que vous vous surprenez
toujours à connaître paroles et mélodies comme si vous les aviez toujours chantées. Les hymnes que sont déjà « Cet across to you », « Teenage Dépression », « Why can't it be ? » donnent la mesure du talent de Dave Higgs. Un compositeur génial qui a le don d'écrire des chansons évidentes qui restent.
Les reprises, « The Kids are alright » deTownshend, « Show me alright » de Tex, « Shake » de Cooke qui leur collent à la peau et retrouvent une vitalité toute neuve.
Et les nouveaux morceaux qui sont pour la plupart le fait de Graeme Douglas, le nouveau guitariste (ex-Kursaal Flyers),« Téléphone Girl », « Life On The Line » et « Do Anything you wanna do » ont exactement tout ce qu'il faut pour que vous vous les rappeliez dès la première écoute.
D'ailleurs un des grands moments du concert c'est lorsque Barry Masters hurle en sautant de toute part « Do Anything you wanna do » sûr de son public qui reprend en coeur. Barry Masters se conduit toujours sur scène comme s'il était sur un ring avec ses sauts spectaculaires, ses roulés-boules acrobatiques.
Sérieuses parties de guitares aussi entre Higgs et Douglas qui, dans le genre rythmique-solo, se posent un peu là. Les Rods sont définitivement un sacré groupe scénique qui possède déjà ses classiques.
J'avais rendez-vous après le concert pour faire une interview. La loge est pleine à craquer de gens de toutes sortes. Le Champagne coule à flots et bien sûr le manager a oublié de prévenir Barry de
mon arrivée : « Écoutes, on boit d'abord, on se paye du bon temps et on fait notre affaire un peu plus tard dans la chambre de mon hôtel » — « Ok Barry, ok » . Sur ce, il attrape une bouteille de Champagne qu'il prend bien soin de remuer avant de la déverser sur les têtes environnantes et recommence le jeu cinq ou six fois de suite.
Seul, Dave Higgs reste dans son coin avec sa petite amie pour discuter tranquillement en buvant du seven up.
« Tu t'amuses David ? » — « Sûr mon gars ». La fumée envahit très vite la pièce, la chaleur suit et les yeux commencent à pleurer. Le truc qui m'étonne c'est le nombre de groupies présentes et pas de raclures, à tel point que j'en peux plus de mater les culs et à mesure que le temps et le Champagne s'écoulent j'en viens à mater n'importe lesquels, même ceux des mecs. Là, j'ai
compris que ça n'allait plus du tout :
« Ok Barry, on y va ?» ; on y est allé. Dans la chambre, Graeme Douglas nous a suivis et un peu plus tard le reste du groupe accompagné de quelques amis. Une vingtaine de personnes plus très claires, il était trois heures du matin et pour la première fois à la surprise générale Dave Higgs s'est mis à parler.
- Les concerts que vous donnez à Londres sont toujours meilleurs qu'à Paris, l'endroit où vous jouez est important ?
- Barry : La dernière fois que nous sommes venus à Paris c'était pas mal je trouve, mais il y avait cette grande salle ridicule (le Pavillon de Paris) pour les grands groupes. Et puis nous en étions encore à chercher notre identité, c'était une période de transition pour le groupe.
- Graeme : C'est comme moi actuellement, c'est mon premier grand tour avec le groupe et j'ai mis un certain temps à m'y intégrer, adapter ce que je faisais à ce qu'il faisait, pour faire les choses vraiment bien. Maintenant ça va beaucoup mieux, nous nous connaissons mutuellement et savons de quoi nous sommes capables ensemble, (s'adressant à Barry) Ce soir c'était un peu confus, je
ne m'entendais pas bien, il va falloir remédier à cela demain.
- Barry : Pas de considérations techniques pendant l'interview ! C'était un bon concert.
- Graeme : Oui, great.
- Barry : Tu sais au Dejazet c'était mieux, le club était bien, il y avait de bonnes vibrations. La question que l'on nous pose souvent est de savoir si l'on se sent mieux dans les petits clubs ou dans les grandes salles. En fait ça dépend du moment et des gens qui viennent nous voir. Le public fait les bons et les mauvais concerts. Ça ne dépend pas de la ville mais de la possibilité de communication.
- Mais ne pensez-vous pas que votre public est plus à Londres qu'ailleurs ?
- Barry : Non. De toute façon les gens qui aiment le rock'n'roll l'approchent de la même manière n'importe où, du moment que le groupe est bon et fait bien son truc. Avant que Graeme nous rejoigne
nous avons fait une tournée française avec Marc Zermati, il y avait plusieurs dates en province et nous avons bénéficié d'une très bonne réaction de la part du
public parce qu'il n'a pas l'occasion de voir beaucoup de groupes rock.
- D'où venez-vous ?
- Barry : Nous sommes de Southampton, enfin à côté mais nous allons nous baser à Londres, ça facilite les choses c'est un centre qui permet d'évoluer tout autour.
- Graeme, comment as-tu rejoint le groupe ?
- Graeme : De façon toute fait imprévue et d'un autre côté ça devait arriver. J'ai joué avec Kursaals pendant trois ans et si tu veux je n'étais pas satisfait, j'en avais marre de ne pas vraiment jouer la musique qui me tient à coeur et se rapproche en fait du hard-rock. Une musique simple et directe, puissante. Le mieux que j'avais à faire était de me tirer et à ce moment-là, ils m'ont demandé un soir de venir jammer et je l'ai fait et c'était vraiment ça.
- Barry : C'était très étrange pour nous. Bon, la presse a déconné en disant que Graeme est venu pour sauver le groupe parce que nous n'avions rien fait depuis un an et demi. Au départ c'était
simplement pour se faire plaisir. Nous avions un concert au Rainbow et nous lui avons dit d'apporter sa guitare, on va se marrer et prendre du bon temps, et puis on s'est vraiment marré alors il est resté. De toute façon nous avions changé personnellement et nous cherchions à changer notre musique pour qu'elle corresponde mieux à notre nouvelle vision.
- II semble avoir eu une grande influence sur vous et votre musique, non ?
- Barry : Oui, c'est vrai.
- Graeme : J'ai une force de caractère énorme . (rires)
- Barry : Il s'est opéré un changement naturel au sein du groupe et la venue de Graeme et aussi un changement naturel, bien que nous avions l'impression de n'avoir rien besoin de plus dans le groupe. Je sens beaucoup plus d'appui maintenant, personnellement ça me facilite les choses . Graeme compose et joue sur des bases plus mélodiques mais toujours puissantes et ça me permet de faire des choses plus variées vocalement. Il donne aussi plus d'espace à Dave (Higgs) . Avant , il n'avait pas le temps de faire des solos, il était moins percutant. Il lui donne le moyen de s'exprimer plus longuement sur scène. Il aide vraiment tout le monde. Il nous allège et nous ne nous étions pas apperçu auparavant que c'est ce dont nous avions le plus besoin.
- Graeme : Tu sais jusqu'ici , j'ai passé mon temps à apprendre et je m'apperçois maintenant que c'était pour ce groupe.
- Comment ça se passe entre David et toi ?
- Graeme : Au début, je crois qu'il était un peu ennuyé, c'est lui qui a été le plus affecté par mon arrivée. Nous avons du apprendre à nous connaitre en tant que musiciens et aussi en tant que compositeurs, maintenant nous donnons le meilleur de nous mêmes et nous nous complétons, nous avons tout à y gagner.
- Pourquoi n'a-t-il composé qu'un titre sur 'Life. On the line ?'.
- Barry : Parce qu'il l'a décidé ainsi, il ne voulait pas s'éparpiller, et il a fait un morceau vraiment très fort, c'est une décision personnelle.
- La grande question : vous aimez les pochettes suicidaires, est-ce que cela signifie quelque chose de particulier pour le groupe?
- Graeme : Euh,elles véhiculent un message : c'est une question de réincarnation , le commencement de vies nouvelles, (rires) ; non ce sont simplement de foutues bonnes pochettes. Ça n'a rien de profond, nous ne voulons surtout pas pousser les kids à se suicider par strangulation .
- Barry : La première pochette était vraiment forte, très intense, c'était vraiment la tête du type qui est sur le point de se suicider mais qui ne sait pas encore s'il va le faire. La seconde pochette est le contraire de ce que l'on pouvait attendre de nous, après la couleur, elle est noire et blanche et grise mais en fait elle est dans la même lignée que la première. Finalement elle reflète assez bien la carrière du groupe, c'est un pari, il y a une corde et si l'on met la tête dedans on peut se pendre à sa propre corde, c'est vraiment la vie sur un fil.
Le groupe peut éclater et nous aurons juste la solution de retourner à nos sales boulots et fini la musique.
Les Rods représentent un pari continuel et l'on-peut se planter à tout rnoment.
- Mais c'est tout de même l'ambiance du moment .
- Barry : Euh, oui d'une certaine façon, cela peut-être interprété comme ça mais nos chansons sont plutôt pleine d'espoir et d'espérances. Elles sont axées sur la contestation des choses qui sont pourries , nous disons "ceci ne va pas, faites quelque chose si vous voulez les changer, allez y, mais si vous ne voulez pas, ne le faites pas, si vous préférez vous pendre, allez y". Nous ne sommes pas des maitres à penser, nous ne dirigeons pas les kids, nos textes ne disent pas " faites ceci ou celà" mais plutôt "faites pour le mieux, jouissez de la vie comme vous l'entendez,amusez-vous ". Actuellement, la plupart des grou'pes new-wave se veulent des prêcheurs, ils disent "essayez de faire des trucs comme nous le faisons et si,vous le voulez nous avons la réponse pour vous". Ils parlent en connaisseurs de religion et de politique, seulemem c'est un risque parce que,si ce qu'ils disent est faux, les kids vont se retrouver dans la merde. Et le rôle d'un groupe n'est justement pas de foutre son public dans la merde,mais de lui donner du bon temps, C'est une grande responsabilité.
- Pourquoi avez vous changer si souvent de nom ?
-Graeme : Nous n'avons jamais changé, c'est une erreur, une mauvaise compréhension, interprétation de la presse anglaise qui est toujours à la recherche d'information . En fait , nous avons sorti un 45 tours avec un logo spécial et Eddie & The Hot Rods était tout simplement trop long pour l'esthétiqu alors nous avons gardé simplement Rods.La presse s'en est tout de suite emparé sans se renseigner auprès de nous; Le plus drole,c'est que c'est elle là première à nous,ayoïr appelé les Rods parce que c' était plus court. Tout ça ce sont des conneries qui n'ont pas d'importance.
- Mais tu ne penses pas que ça peut nuire à votre carrière ?
- Graeme : Trop de personnes croient en ce que la presse raconte alors que c'est du chewing-gum, elle ne raconte que' ce qu'elle veut. Elle.essaie de nous changer, elle en rajoute rnais ça ne marche pas parce qu'on s'en fout .Elle veut du sensationnel , des hits, des têtes d'affiche et s'il y en a qui passent à côté de ça , c'est bien nous .
- Pourquoi ce long silence entre "Teenage Dépression" et "Life On The line" ?
- Barry : nous sommes humains, nous ne sommes pas une usine. Nous aurions pu enregistrer un 33 tours avant , juste pour répondre aux désirs du public mais il aurait été moins bon.Nous ne voulons pas nous forcer à produïre des disques pour une simple question de délais, nous préférons avoir du bon matériel avant d'enregistrer et c'est ce que nous avons fait. La musique c'est pas du travail à la chaîne ou alors dans ce cas ,il ne faut pas espérer qu'un groupe donne le meilleur de lui-même parce que forcément il n'est pas
motivé s'il est forcé de s'en tenir à un horaire fixe. Le prochain album sera étonnant.
- Mais tout de même,çà peut vous faire oublier
- Barry : on se fait oublier plus catégoriquement avec un mauvais disque qu'avec un bon silence.Nous refusons à sortir de mauvais albums juste pour le succès , de toute façon, ca ne peut pas durer bien longtemps.
- Comment vous est venue l'idée d'enregistrer un single avec Rob Tyner ?
- Graeme : nous l'aimons bien . Il était venu des Etats Unis faire une interview pour un article sur la New Wave anglaise , et un soir, nous avons donné un concert, il était là, nous lui avons proposé de venir chanter avec nous. Nous enregistrions alors "Life on the line" et comme nous avions le temps et des chansons prêtes nous avons enregistré le single en une nuit. C'etait bien, on l'a sorti , Great fun !
- Il parait que vous avez enregistré également avec Johnny Thunders ?
- Graeme : Oui, seulement Paul et Steve, le bassiste et le drummer. Ils avaient déjà joué avec lui et le
connaissaient. Ils entretenaient de bonnes relations et ils l'ont fait pour le fun.
- Tu penses que c'est bon de jouer avec différents musiciens comme ça ?
- Graeme : Oui, sûr, on n'est effrayé par personne. Tout ce que tu fais est une expérience qui t'apporte quelque chose.Tu apprends à mieux connaître ton instrument ,tu 'apprends à jouer, c'est bon. C'est un échange très instructif. Il faut de toute façon être au courant de ce qui se passe autour de toi, ;ça te permet d' évoluer et de na pas toujours faire la même chose.
- Mais là aussi ça peut être dangereux pour le groupe .
- Barry : Je ne pense pas, pas vraiment. Il y a vraiment une grande différence entre jouer avec un type un soir, jammer avce lui et vivre avec les gens . Parce que nous vivons plus ou moins ensemble et ça marche parce que nous sommes tous concernés par l'avenir du groupe, ce qu'il fait et ce que chacun de nous pense des autres. Jamais on ne dira "Ok, tires-toi des Rods,parce que tu as joué avec quelqu'un d'autre et que ta place est ailleurs".Au contraire ça ne peut être que bénéfique pour le groupe dans la mesure où, ça lui apporte de nouvelles idées, influences.
- Tu n'apparais pas sur la pochette de "Life on the line", as tu toujours un contrat avec CBS ?
- Graeme : oui, il y a quelques problèmes mais je pense q''ils vont être résolus . La dernière chose à laquelle pense le business ,c'est au rock' n 'roll , les contrats sont la pire gangraine qui puisse exister.
C'est vraiment un milieu d'enculé mais on s'en fout de toute façon, ils ne nous empêcheront pas d'être ensemble,et dejouer notre musique.
- Le NME a dit qu'on avait eu Eddie and Rhythm 'n Blues Rods avec Lew Lewis Eddie and the Punk Rods avec "Teenage depression" et Eddie and the pop Rods" avec "Life On The line" . Vous êtes d'accord ?
- Barry : Quand la presse anglaise s'occupe de quelque chose, elle ne s'occupe jamais de ce qui est important, seulement des choses mineures qui se passent et elle essaie d'être la première à en parler au risque de se planter. Lorsque la mode new-wave est apparue, elle nous a laissé tomber et a parlé des pires trucs,c'était désastreux.
- Graeme : Les faits ne sont jamais reproduits dans leur vérité,ils ajoutent leur propre interprétation, il ne faut pas les croire, ils se foutent de la musique. Tu sais, on admire Status Quo, c'est un grand groupe, la presse les a toujours descendus et après quinze ans, ils sont toujours là parce qu'ils croient en ce qu'ils
font et suivent leur direction sans s'occuper du reste. Nous faisons la même chose, nous ne sommes pas une mode qui arrive et s'en va comme une marée.
- Vous n'avez pas répondu à ma question
- Dave : ( il est là depuis cinq minutes) Il y a quatre ans on faisait exactement lamême chose, Il n'y a pas eu réellement de changement de cette sorte, nous faisons encore un set complet de morceaux ,comme des blues à douze mesures ou qui ressemblent à des vieux rhythm n'blues et ils sonnent comme avant. Ils ont
simplement le temps mais ça ne change pas réellement .
- Vous étiez présents au début de la new-wave lorsque vous jouiez au Marquée début 76.
- Dave : Oui mais c' est tout, nous n'avions rien à voir avec tout ça, nous ne pensions pas de la même façon, il n'y avait absolument pas de sentiments punk chez les Rods .Il se trouve qu'on est sorti à cette époque. C'est comme dans les sixties, il y avait beaucoup de groupes et beaucoup de kids ne ressentaient pas ces
histoires de héros, ils avaient simplement le sentiment de pouvoir sortir et d'aller assister à des concerts ; en 7 ou 8 ans, ils ont appris comment le faire. Je n'aime pas cette foutue période pop avec les pop stars. C'est comme si lles kids prenaient exemple sur nous au lieu d'être eux-mêmes, c'est tout à l' envers. Le trip du héros est une foutue connerie.
- Que penses tu de l'évolution du rock en 77 ?
- Dave : évolution ? je ne pense pas qu'il y ait eu tellement d'évolution.
- Pourquoi ?
- Dave: pour moi les gens fontl la même chose que ce que nous avons fait ou que ce que d' autres groupes ont fait avant nous, rien de jamais vu auparavant .C'est vrai aujourd'hui encore.
- Mais tu ne penses pas que ce qui s'est passé est important ?
- Dave: Euh, oui, je ne dois pas etre restrictif, parce que ça a procuré la chance aux kids d'aller aux concerts et d'en donner aussi .Pendant un moment , c'était vraiment lassantet il n'y avait que la disco et pas moyen pour un nouveau groupe de sortir , et les kids ont de nouveau la possibilité de se défoncer avec des groupes de leur age et qui leur ressemblaient .Ils n'étaient plus obligés de rester chez eux à écouter des disques, ils
ont retrouvé le gout des concerts, ce qui est une bonne chose. Ils peuvent maintenant commencer quelque chose, la preuve leur a été donnée qu'il y a de la place pour tout le monde . Le chemin est tracé ,ils vont pouvoir innover.
- Penses tu que le Pub Rock, Feelgood, Kursaal, vous , était un phénomène pré-révolutionnaire ?
- Dave : Oui, sur, beaucoup de groupes ont commencé des choses nouvelles, ils ont redonné aux kids le gout du rock - parce qu'ils l'avaient perdu , oublié avec des groupes comrne Genesis, Yes et toute cette rnerde. Mais ça n'avait en fait rien de révolutionnaire, rien de comparable avec des types comme Hendrix ou Townshend . En fait , c'était plutôt une réaction à l'ennui. Je veux dire la musique ne peut pas etre
révolutionnaire, ça n'existe pas . Qu'est-ce que les nouveaux groupes ont apporté de révolutionnaire par rapport à ceux des années 60 ? Tout le monde se pique les idées et ç'est normal, c'est un cercle mais on ne peut pas parler de révolution si ce n'est que l'enthousiasme est revenu et quela musique a retrouvé sa réalité en s'adressant directement aux kids. Il est facile de parler de révolution mais on a toujours dans la tête ce qui s'est passé avant et les influences ne peuvent être éliminées. L' important c'est de faire oublier aux kids ce qui se passe dehors lorsqu' ils viennent à un de nos concerts ; à' côté de ça, toutes les révolutions sont des foutaises. Les groupes qui font de la politique sous le prétexte de la révolution, le font pour le blé et rien ne change.
- La scène a changé malgré tout.
- Dave : Qu'est-ce qui a changé depuis 65 , tu vois une différence en dehors du fait que les concerts coûtent plus chers et que le business a grossi , qu'il brasse plus d'argent . Les groupes continuent de
donner des concerts et les kids continuent à aller les voir comme avant et rien n' a changé, c'est une illusion. La politique est une connerie, les groupes New Wave ne sont pas les premiers à avoir fait de la politique et de toute façon, çà n'a jamais avancé à rien.
- Graeme (
en français dans le texte) : Plus ça change et plus c'est la même chose .
Bill Schmock